Démographie

La Population totale estimée à 102 580 habitants (Source : Recensement Général de la Population et de l’Habitat 2014 (RGPH – 2014) Institut National de la Statistique (INS). Hormis les nationaux ivoiriens, 25 autres nationalités se partagent l’espace de Treichville. Les plus représentatives de ces nationalités qui constituent plus de 54% de la population sont :

Les Libanais : ces Ivoiriens à la peau blanche

Pour les Libanais, la Côte d’Ivoire a depuis longtemps cessé d’être une terre d’asile. Ils considèrent le pays d’Houphouët Boigny comme leur patrie et Treichville comme leurs maisons familiales. L’intégration de ses intrépides commerçants à Treichville dépasse le cadre formel de leur profession. Souvent marié à des Ivoiriennes, certains Libanais partagent leur vie communautaire avec des autochtones ébrié, baoulé dioula… pour tout dire, les Libanais sont considérés comme des Ivoiriens à la peau blanche.

 

Les Marocains : seigneurs de la rue 12

Maîtres incontestés dans le commerce des prêt à porter, les maghrébins (Marocains, Tunisiens, Algériens), et plus particulièrement les Marocains n’ont pas de concurrents sur la fameuse rue 12 à Treichville. Ils y détiennent des magasins huppés, toujours d’une longueur d’avance sur l’actualité vestimentaire en côte d’Ivoire. Musulmans dans leur grande majorité, les nord africains ont réussi leur intégration sociale à Treichville par le biais de la religion et des affaires.

 

Les Sénégalais : à Treichville comme à Dakar

Pour les nombreux Sénégalais vivant à Abidjan, Treichville et Dakar sont des synonymes. « C’est même chose », comme le dirait l’autre. Il n’y a qu’à observer leur enthousiasme à l’occasion de la célébration de leur fête nationale pour s’en convaincre. Petit commerçants, restaurateurs, grossistes de riz, sucre, hommes d’affaires (peu importe leur statut socio-professionnel) le Sénégalais est toujours aussi jovial, ouvert et taquin. Et leurs hôtes Ivoiriens le leur rendent très bien à travers leur légendaire hospitalité. Par conséquent, les deux peuples s’entremêlent comme s’ils s’étaient donné rendez-vous sur l’île de petit Bassam. Très présent dans l’informel et les produits vestimentaires, les Sénégalais de Treichville excellent dans l’import-export, la bijouterie, la vente des appareils électroménagers. Mais c’est surtout dans la restauration que les Sénégalais ont conquis le cœur des ivoiriens avec leur fameux Tchep djen, ce riz gras qui nous a tous tourné la tête. Merci, Lions de la Terranga.

 

Les Nigérians, Togolais et Béninois : des peuples de paix

Retirés pour la plupart dans leur quartier  du Biafrais, les Nigérians, très nombreux à Treichville, dans le commerce. Mais surtout dans l’informel. Ils furent en effet les pionniers dans la coiffure, la mécanique dans la pneumatique, la photographie…avant l’arrivée récente des Ivoiriens dans ces domaines. Cette concurrence n’a pourtant pas altéré les relations avec leurs hôtes à Treichville. Bien au contraire. Au-delà de leur travail, les Nigérians entretiennent des liens de fraternités très poussés avec les Ivoiriens. Pareil pour les Togolais, leaders dans le travail du bois (menuiserie, photographe, maçons…) Certains d’entre eux mariés à des Ivoiriennes manient à merveille les langues locales telles l’ébrié, le baoulé etc. Leurs enfants nés de ce mariage mixte participent aux fêtes de génération chaque année dans la commune. Depuis que Nigérians, Béninois et Ivoiriens cohabitent, l’on n’a jamais entendu des éclats de voix entre ces trois peuples. Et il en sera ainsi pour longtemps encore vu l’entente qui règne entre ces trois peuples aux cultures complémentaires.

 

Les Mauritaniens : une présence massive mais discrète

Il est vrai que les Mauritaniens ne communiquent pas beaucoup avec le monde extérieur. Cependant ils ne font rien pour empêcher cette communication. Très attachés à leurs cultures originelles, ils vivent à Treichville comme des observateurs passifs de la vie ambiante. Ce qui fait que leur présence dans cette commune est à la fois massive et discrète. Toutefois ils sont reconnus comme  les champions du commerce de proximité à travers leurs innombrables boutiques de quartier. On ne peut parcourir plus de 50 mètres sans trouver une boutique de Mauritanien. Quelquefois, pendant leur moment de détente, ces accros du thé réunissent, autour de leur petite théière fumante des amis ivoiriens. Aussi, tous les vendredis la colonie mauritanienne se confond-elle à la communauté musulmane pour aller prier Allah le Tout puissant dans les mosquées. L’une des rares moments ou le Mauritanien fait corps avec ses hôtes.

 

Maliens et Guinéens comme à la maison

A Treichville, c’est inutile de chercher à distinguer l’Ivoirien du Guinéen ou du Malien. Tant les trois peuples se ressemblent et s’assemblent. Maliens et Guinéens sont d’infatigables commerçants. On les trouve dans l’import-export. Ils sont aussi grossistes de riz, sucre ou autres denrées de grande consommation. Les Ivoiriens, eux, travaillent dans l’administration publique ou privée ; dans les services, l’informel et le commerce du vivrier (surtout les femmes). Comme on le voit, les trois peuples sont à la fois des commerçants et consommateurs qui se complètent au quotidien. Leur seul trait distinctif réside dans la religion. Guinées et Maliens sont majoritairement musulmans : les Ivoiriens sont musulmans et chrétiens. Mais là encore cette différence se révèle comme une richesse dans la mesure où ces trois frères prient tous pour renforcer leur lien d’amitié et consolider la paix sociale à Treichville entre étrangers et autochtones.

 

Les Burkinabé, symboles de l’intégration.

Y a-t-il encore des Burkinabés à Treichville ? Apparemment non ! Tous les « hommes intègres » résident dans cette commune ont, pour la plupart, des réflexes d’Ivoiriens. Champions du courage et de la débrouillardise, ils exercent dans tous les corps de métiers surtout informelle. Ils sont soit vigiles, commerçants, mécaniciens, soit garçons de maison, coursier etc…

 

Les Chinois : derniers visiteurs mais…

Les Chinois sont les derniers visiteurs de Treichville. Ils se sont installés dans cette commune à l’occasion de la construction du Palais de la culture. A côté de ce gigantesque joyau architectural, ils ont bâti un petit village bien discret. A la fois ouverts et réservés, c’est à peine si l’on remarque leur présence dans la commune. Les plus anciens ont fondé des cabinets spécialisés dans la médecine chinoise (acupuncture, massage…) Manifestement, les Chinois aiment Treichville. Sans doute pour sa position stratégique de ville carrefour, mais aussi pour la relative paix qui règne entre les visiteurs et leurs hôtes.

 

Les autres groupes

Les Ghanéens sont un modèle d’intégration au quartier Apollo où ils sont solidement implantés. Ils exercent dans la coiffure, la couture la cordonnerie… Les Libériens, Congolais, Gambiens, Indous constituent les autres groupes d’étrangers vivant à Treichville. Ils ne sont certes pas massivement représentés mais leur attachement à cette commune mérite d’être souligné.

La densité moyenne de peuplement est de 156 habitants/ha à Treichville.

En 1998, la densité moyenne de peuplement a atteint la valeur de 170 habitants/ha, soit un accroissement de 8,2%.

En 1955, Treichville totalisait 43% de la population d’Abidjan. Cinquante années plus tard, la commune ne représente que 4.30% de la population du district d’Abidjan. Sur la période de 1955 à 1975 Treichville à enregistré un taux de croissance annuel moyen de 3,73, puis un taux négatif entre 1975 et 1984.

Le taux de croissance s’est ensuite relevé à 4,01 points, quatre ans plus tard, pour décroître et passer sous la barre de 1% au cours de la décennie 1988-1998. Pendant la même période de 1955 à 1998, la population urbaine d’Abidjan a connu une croissance démographique, toujours positive, (avec un pic de 11,10%) en 1965 qui est tombé à 3,13 entre 1979 et 1984 pour se maintenir un peu au-dessus de 4% l’an en 1998.

Contrainte de site

Hormis la partie de son territoire occupée par les eaux de la lagune Ebrié, les 7,22 km² restants positionnent, en termes d’espace urbanisable, la commune de Treichville parmi les plus petites du District Autonome d’Abidjan, derrière celle du Plateau (3,9 km²). L’urbanisation de Treichville, a débuté au cours de l’époque coloniale et a connu une forte croissance qui a atteint à un état de saturation depuis le milieu des années 70.

Dans la suite de l’étude, les superficies annoncées ainsi que les pourcentages y afférents ne tiendront pas compte du plan lagunaire.

La concentration sur son sol d’une part importante de l’activité industrielle expose les ressources naturelles aquatiques à des risques de pollution.

Si au plan de l’urbanisme, la commune présente des contraintes dont la levée implique des actions onéreuses, elle peut cependant se targuer d’avoir, du fait de sa situation de presqu’île, une avantageuse ouverture sur ses voisines et sur le monde, grâce aux possibilités de navigation qu’offrent ses plans d’eau.

eichville, Commune aux multiples visages, cité dortoir
Erigée en commune de plein exercice en 1980, Treichville est aujourd’hui l’une des communes les plus modernes de Cote d’Ivoire. Cependant, l’ancien quartier général de l’explorateur Treich Laplène n’a rien renié de ses traditions, de son riche passé historique dont il porte encore fièrement les vestiges.

Historique
La Commune de Treichville n’était qu’un petit campement des ébrié Bidjan alors appelé (en 1903) Anoumabo c’est à dire « forêt aux roussettes » ou l’ile de petit Bassam. Mais très vite, les travaux de la construction du chemin de fer Abidjan-Niger, les  chantiers wharf de Port Bouet et ceux du transfert de la capitale de Bingerville à Abidjan font de cette bourgade le site d’accueil idéal de la main d’œuvre étrangère abondante et variée.
Dès lors, l’intérêt de la communauté Européenne pour Anoumabo devient de plus en plus croissant. C’est ainsi qu’en 1932, les autorités coloniales étendent le plan de lotissement de Plateau à cette ville indigène grouillante de monde et vital pour la ville d’Abidjan.

L’origine du nom Treichville
Les premiers lotissements du village consacrent l’intégration d’Anoumabo dans les paysages urbains de la ville coloniale d’Abidjan. Le 27 décembre 1934, les autorités lui attribuent le nom de l’explorateur français Marcel Treich Laplène qui fut le premier des Européens à effectuer deux expéditions à l’intérieur des terres (ivoiriennes) en 1887 et 1888. Anoumabo devient Treichville, le quartier des fonctionnaires, le bastion de l’élite africaine et de la vie syndicale et politique dans la capitale coloniale.

Une Commune cosmopolite
Avant les indépendances de 1960, Treichville bénéficiait du statut de Délégation de la mairie d’Abidjan. Son premier délégué, M. Bernard Faux (1956-1958) cède le flambeau à M. André Kouassi Lenoir (1958-1995) devenu entretemps le premier maire élu de la commune après, bien sûr, l’adoption des lois n°80-1180 DU 17 OCTOBRE 1980 portant régime électoral municipal. Depuis 1995, la commune de Treichville est administrée par M. François Albert AMICHIA. Limitée au sud à l’Ouest et au Nord par l’axe médian de la lagune ébrié depuis le canal de Marcory et l’axe médian de la baie qui prolonge vers le Nord, Treichville s’étend sur une superficie de 722 ha. Commune cosmopolite par excellence, sa population estimée à 170 000 habitants se compose d’une pléiade de nationalités parfaitement intégrées. Les plus représentatives sont les Sénégalais, Libanais, Maliens, Burkinabé, Nigérians Marocains, Ghanéens, Guinéens etc… exerçant, pour la plupart, dans le commerce de tout genre. En effet, par sa proximité avec le Sud et le Nord de la ville d’Abidjan, Treichville est une incontournable zone de transit. Donc un important lieu d’échanges commerciaux et de trafic ainsi qu’en témoignent la vigueur de la célèbre rue 12, la renouvelé des opérateurs économiques pour cette commune.

Le creuset de la culture ivoirienne
Les 722 ha de terrain habitable sont repartis en 43 quartiers (voir notre tableau p15). 69% de l’espace est occupé par les cours communes contre 39% d’habitat collectif.
Cette concentration des populations diverses est sans nul doute à l’origine de l’exceptionnelle expansion culturelle que connut Treichville dans les années 1950-1960. Quel doyen ne se souvient du Désert Bar-dancing, temple du Dopé national, Amédée Pierre ; il y a avait également l’Etoile du sud ; le Paris Bar etc… C’est en effet dans cette commune que naitrons et grandirons les meilleurs orchestres du pays : l’orchestre national avec Pango, les Jin music, les djinaourous etc.
De ce passé lointain, les jeunes générations de « Treichville » ont gardé, dit-on le gout de la frime, des virées nocturnes dans le night-club et bars américains qui égaillent de jour comme de nuit.

La tradition préservée
Toutefois, les Ebrié Bidjan, populations autochtones de Treichville, ont toujours su préserver leurs us et coutumes ancestraux malgré le caractérisent notre temps. C’est ainsi que chaque année, des rites traditionnels à travers la ville, au milieu d’un tintamarre de klaxons et autres symboles de la modernité menaçante.
Découvrez Treichville le cosmopolite, la ville hospitalière, le creuset de la culture Ivoirienne…bref, Treichville la commune aux mille et une facettes.
 
Conclusion
Après avoir parcouru les grandes étapes de l’histoire de Treichville de 1903 à l’an 2000, on se rend compte que ce quartier n’est pas uniquement un lieu de loisir et de divertissement comme l’opinion publique peu avertie tend à le croire. Certes, l’animation de la nuit le dispute à celle du jour, mais l’homme nourri de son histoire ne saurait souscrire entièrement à cette idée qui frise le préjugé et le mythe.
En fait, Treichville est quartier d’Abidjan à visages multiples dans l’espace et dans le temps. Entre autres caractéristiques, elle est une ville africaine, touristique et portuaire, politique et syndicale, industrielle et commerciale, culturelle et religieuse, scolaire et universitaire dont le développement urbain continu a transformé l’identité de l’Ile de Petit-Bassam sur laquelle elle a été bâtie, il y a environ un siècle.

Les hauts lieux historiques de Treichville
 
L’Etoile du Sud
L’Etoile du sud, c’est la salle de loisirs et de réunion de l’élite abidjanaise. Construite en 1930 par le planteur Georges  KASSI,  l’Etoile du sud offrit son cadre à :

La réunion préparatoire ayant pour but  de préparer les premières élections municipales du 26 Août 1945 à Abidjan. Sous l’instigation d’Houphouët-Boigny, une liste « Le Bloc Africain », uniquement composée d’Africains se présenta aux suffrages des électeurs. Cette liste avec 1495 voix sur 1523 votants remporta ces élections. La Commission électorale comprenait 9 Africains citoyens Français et 9 Africains sujets. Parmi les sujets mentionnons : MM. Jacques AKA, Maurice DABLE, Louis de Gonzagues. Seyni Guèye figurait au nombre des citoyens français élus.

Treichville Etoile du Sud
Treichville Etoile du Sud

La préparation de la Conférence contradictoire au meeting d’Etienne Djaument, ex-sénateur de CI, fondateur du Bloc Démocratique Eburnéen (BDE) en 1949. Cet événement fut le prélude aux événements dits du 6 février 1949 qui vit tout le Comité directeur du PDCI emprisonné à Grand-Bassam.

La préparation du Congrès du PDCI-RDA de 1949, deuxième et dernier Congrès dudit
Parti sous le régime colonial. Ce Congrès fut d’emblée transformé en congrès interterritorial du RDA (3  au 6 janvier 1949). Pour comprendre ce qui suivra (les graves événements de 1950 …avec les tueries de Dimbokro), il faut se reporter à cet historique Congrès de 1949.

La liaison Treichville-Plateau et ses supports. (Bacs, Ponts…)
Le bac (1930)
Pour la traversée de la lagune Ebrié, il y avait un bac jusqu’en 1930. Il devait couler le 18 décembre 1930, occasionnant de nombreuses victimes.
Le pont-flottant (9 juillet 1931)
Le bac sinistré fut remplacé par le célèbre «Pont-flottant» d’Abidjan dont la construction avait commencé en 1929. Il fut mis en service le 9 juillet 1931, inauguré par le Gouverneur Bourgine en présence de l’Inspecteur général Kair et des membres des chambres consulaires. La longueur totale de ce pont était de 321,25 m.
Le pont Houphouët-Boigny de 1958 ou encore pont de la communauté franco-africaine d’une valeur de 1 milliard de francs de l’époque fut inauguré en 1958. Il avait 370 m.
Le Pont Général de Gaulle construit en 1962 vise à décongestionner le premier
ouvrage construit en 1958 et déjà saturé.

Des quartiers

  • Entente : En 1959 symbole significatif du Conseil de l’Entente, créé en 1959 par

Houphouët-Boigny comme substitue à la Fédération d’AOF en voie de liquidation. Le Conseil de l’Entente ce sont les pays suivants : Côte d’Ivoire, Haute Volta (Burkina-Faso), Dahomey (Bénin), Niger, Togo.

  • Commis-kro, plus tard camp fonctionnaire était comme son nom l’indique, le quartier

de l’élite africaine d’alors, les commis. Cette cité habitée par des célébrités comme Ekra Mathieu en 1949 fut construit sur les premiers crédits d’après-guerre (le FIDES).

  • COMACICO : première salle de cinéma à Treichville, située non loin de

Commis-kro vient en 1948 seconder le REX situé au Plateau.

  • Boulevard du 6 février plus connu sous le nom Rue 12, sans doute pour couper court

aux nombreuses interprétations des événements du 6 Février qui opposèrent tragiquement le PDCI-RDA  à ses adversaires du moment.

  • Rue 38, en lieu et place d’avenue Nanan Yamousso, sans doute eu égard à un

dramatique événement, un accident d’auto survenu sur cette voie et qui fit en tout 38 morts. Le chiffre 38 fut donc choisi en fonction de cette tragédie qui marqua les mémoires Treichvilloises.